Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, nous avons la chance, aujourd’hui, d’interviewer Madame Hardy, sur la création et le but pousuivi par son association l’AME qui agit depuis 10 ans pour faire progresser l’égalité professionnelle au sein des entreprises.
1. Bonjour Corinne Hardy, pouvez-vous tout d’abord vous présenter ?
“Merci tout d’abord pour cette invitation, je suis ravie d’aborder ce sujet avec vous aujourd’hui. Je suis Corinne Hardy et à titre professionnel, je travaille dans un grand laboratoire pharmaceutique et je suis également la présidente de l’AME, un réseau de réseaux d’entreprises en faveur de l’égalité qui regroupe 19 entreprises et au sein duquel nous échangeons les bonnes pratiques et nous mutualisons nos moyens pour faire progresser davantage l’égalité professionnelle en entreprise.”
2. Qu’est-ce qui a motivé votre engagement en faveur de la mixité ?
“Mon engagement est arrivé relativement tard, je dirais que c’est l’accumulation à la fois de vécus personnels (même si je suis très heureuse de ce que je fais et de mon parcours) l’accumulation d’expériences d’amis autour de moi et de discussions avec des personnes qui m’ont ouvert les yeux. Donc je dirai, que c’est du partage qu’est né cet engagement collectif. Cette prise de conscience repose sur des situations vécues par moi et par d’autres.
Je pense que je suis foncièrement “activiste” au sens premier du terme, c’est-à-dire, lorsque quelque chose me tient à cœur, je me dois d’agir. Pour moi, c’est la définition de l’activisme.”
3. La mixité est-elle un levier de performance pour les entreprises ?
“Ma réponse est sans hésiter oui et à plusieurs titres. Des études se sont accumulées sur le sujet depuis plus de 20 ans et elles démontrent que la mixité est un facteur de performance à tous les niveaux que ce soit au niveau financier, au niveau de l’innovation et c’est également un facteur de développement individuel. Nous avons plusieurs leviers pour tenter d’expliquer (si tant est qu’il le fallait) que l’égalité apporte une performance économique et financière mais aussi – et c’est un point très important surtout dans le contexte actuel – elle permet d’attirer, de maintenir et de développer tous les talents nécessaires à la compétitivité des entreprises
Un groupe est composé d’individus divers où chacun possède des compétences complémentaires et une manière différente d’appréhender les problèmes. Cela évite l’uniformité des pensées au sein d’un panel de personnes qui auraient toutes le même vécu, ou les mêmes atouts. Cette pluralité est un avantage, l’efficacité vient de la différence.
Et cette différence, elle est portée par des hommes et des femmes.
Des différences à garder en mémoire :
- L’égalité c’est la stricte équivalence numérique entre hommes et femmes à tous les niveaux de l’entreprise. Elle implique donc égalité des chances c’est-à-dire que femmes et hommes expriment pleinement leurs talents et potentiel en fonction de leurs compétences et projets.
- La mixité introduit une notion de mélange des qualités propres aux hommes et aux femmes.
- Enfin, l’inclusion, c’est ce qui va permettre à toutes les différences, toutes les sensibilités, tous les schémas de pensées de pleinement s’exprimer. C’est pour cette raison, qu’il faut aller plus loin que l’égalité, plus loin que la mixité. Il faut vraiment s’assurer que chaque talent, chaque compétence puisse s’exprimer dans sa diversité afin de pouvoir faire progresser l’entreprise.”
4. Quels sont les bénéfices pour les individus ?
“Les bénéfices pour les individus sont multiples.
Tout d’abord, il convient de ne pas réfréner les talents et les compétences, il faut oser leur laisser apporter un point de vue/un angle différent, une autre manière d’aborder les problématiques.
Ensuite, on doit profiter de l’enrichissement entre individus, et là, on arrive à une notion qui m’est chère, on n’arrivera pas à la mixité si hommes et femmes ne travaillent pas dans un but commun. Ce n’est pas un problème spécifiquement féminin, ce n’est pas selon moi un problème qui doit être traité dans des groupes de femmes, je pense que c’est un problème sociétal et que les femmes et les hommes ont à y gagner.
Les femmes gagneront à exprimer leurs talents et à développer leurs compétences. Il y aura aussi un bénéfice pour les hommes, parfois enfermés dans des stéréotypes dont ils pourront se défaire.
C’est la promesse d’un mieux vivre ensemble.”
5. Pour vous, la mixité peut-elle constituer un facteur de réduction des conflits ?
“Bien évidemment, je pense que la mixité est un très fort levier de réduction des conflits parce que les individus n’abordent pas les problématiques de la même manière. Dans un conflit on est parfois bloqué par des schémas de pensée qui “s’affrontent”. On ne rentrera pas dans le débat de certaines compétences pour savoir si c’est de l’inné ou si c’est de l’acquis, mais on sait de facto qu’il est toujours plus fructueux de confronter des valeurs différentes et les expériences singulières.
Des valeurs dites féminines peuvent être portées par des hommes comme des valeurs dites masculines doivent être portées par des femmes.
Le fait de mélanger hommes et femmes élargit le champ des possibilités et donc peut être un levier de résolution des conflits.”
6. Dans votre parcours, avez-vous vécu des moments où le manque de mixité a conduit à des situations compliquées ?
“Oui bien évidemment. Petite anecdote personnelle, c’était mon premier contact avec le monde du travail, fraîchement diplômée, je postule pour un emploi, je suis en sélection finale mais je n’ai pas pas été retenue. J’appelle la direction pour connaître les raisons et on me répond “Parce que vous êtes une femme” ! J’ai vécu ensuite dans mon parcours professionnel de très belles expériences mais j’en ai vécu d’autres un peu plus difficiles.
Mon expérience la plus marquante a été le management d’un groupe exclusivement féminin. Cette expérience a été assez compliquée car on attendait de moi d’être une manager/maman. J’avais du mal à me positionner parce que j’étais enfermée dans ce rôle. Je pense que c’est un problème dont on ne parle pas forcément assez, la difficulté d’être manager lorsqu’on est une femme. Je raconte cette anecdote pour illustrer le fait que les stéréotypes ne sont pas forcément uniquement portés par des hommes et que l’on a un vrai travail en profondeur à réaliser.”
Pour terminer avez-vous un message à faire passer ? Quel est votre mot de la fin ?
“Pour finir, je porterai trois messages:
Le premier, ne jamais rien “laisser passer”, être vraiment vigilant au quotidien. Il faut surtout désamorcer les situations, si possible avec humour, pour permettre d’en prendre plus facilement conscience.
Le deuxième, favoriser l’inclusion et travailler ensemble hommes et femmes.
Le troisième, ne pas penser que ce qui est acquis, est acquis définitivement. D’ailleurs l’actualité dans le monde nous le prouve, et il faut continuer de faire en sorte que l’on crée un monde plus égalitaire au sein de nos entreprises, continuer ce combat collectif sans relâche.”
Nous vous remercions de nous avoir consacré un peu de votre temps pour cet échange qui nous a permis de partager vos convictions et votre engagement.
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